Afficher On pense avec les pieds sur une carte plus grande

dimanche 29 avril 2018

Mont Outheran et une histoire de chats

Petite balade du matin. Pas le temps d'aller bien loin. Le Mont Outheran est tout indiqué. Avant de grimper par le Pas du Cuert, je m'arrête dans les prairies.

Gentiane printanière

Et qui voilà? Le chat forestier. J'ai failli, moi aussi, le confondre avec un tigre. Un chat énorme, avec une tête énorme : un tigre, forcément. J'ai immédiatement contacté les Autorités compétentes (pléonasme), pour faire intervenir tout à la fois la Brigade de lutte contre la Haine (au cas où le tigre était radicalisé), 200 gendarmes, moult hélicoptères, et force chars d'assaut ; la population a été évacuée, un périmètre de sécurité établi 300 km à la ronde. Bref, de quoi zigouiller ce tigre en toute sérénité. Felis sylvestris sylvestris, qu'il s'appelle le tigre. C'est louche, on a compris qu'il habite la forêt, le faire répéter prouve à l'évidence qu'il y a anguille sous roche : il veut se faire passer pour un autre. 

Tigre forestier

Bref, mon tigre traversait la prairie avec la sérénité d'un chat. Rien ne prouve d'ailleurs qu'il soit un pur chat forestier. Il est peut-être hybride avec un vulgaire putain de chat domestique. On lit, d'ailleurs, qu'on ne trouve pas de tigre au-delà de 1000m, dans le Jura, et à plus forte raison dans les Alpes ; la neige ne lui plaisant que modérément. Impossible de différencier un tigre d'un hybride chat forestier x chat domestique d'un simple coup d’œil. Il faudrait l'autopsier. Et procéder avec la rigueur scientifique d'un Pierre Desproges, à tout le moins. 

felis sylvestris sylvestris

Comment prouver qu'un tigre est bien un chat forestier et non pas un chat domestique? Ayant fait main basse sur ce tigre de Chartreuse, je veux dire sur ce Chartreux, je peux expérimenter. Les tigres forestiers ne sont pas imperméables, à la différence des tigres domestiques, et c'est la raison pour laquelle les tigres forestiers ne supportent pas la neige. Si nous prouvons que ce Chartreux n'est pas imperméable, nous aurons prouvé que c'est un tigre forestier, et donc qu'il n'existe pas, puisque les chats forestiers ne se trouvent pas au-dessus de 1000m, lieu de la rencontre avec ce tigre. Si vous ne comprenez rien, prenez une pelle, tapez sur tout ce qui bouge, et restez calmes. 

Le sentier du Pas du Cuert

Moi, je commence à comprendre avoir découvert le tigre forestier de Schrödinger. Il existe et n'existe pas, en même temps! Schrödinger, et son chat, étaient donc en marche? Bref, il était là mon tigre, sans être là, puisque sa présence était impossible. Confirmé par le Colonel des forces spéciales et grand écologiste Jean-Vincent Placé. Bon. Reprenons. 

Chartreuse

Plongeons notre tigre dans de l'eau bouillante. L'expérience aurait donné le même résultat avec de l'eau non bouillante, mais il eut été dommage de passer à côté d'une occasion de torturer un chat, forestier qui plus est! Dans l'eau bouillante. Attendons quelques minutes, ressortons-le. Et alors, de deux choses l'une : ou bien le chat est mouillé jusqu'à l'os, et il est forestier et mort ; ou bien il n'est pas mouillé et il est domestique et vivant. S'il est tout ça en même temps, y a de quoi se flinguer, après avoir tout de même conclu que c'est un tigre hybride. 

Granier

Verdict : mon tigre était mouillé jusqu'à l'os, donc pas imperméable donc forestier : sylvestris sylvestris! Aussi, il était mort, mais comme il n'existait de toute façon pas, ça ne change rien à son affaire. En tout cas, ça ne pouvait pas être lui. Aurais-je donc ébouillanté un autre à sa place? Horreur! Effroi! 

Chamois se sachant chassé


Bon. A part ça, j'ai vu une gentiane printanière toute jolie, et, après avoir escaladé le ludique pas de Cuert, je m'arrête sous la sortie pour changer d'objectif, persuadé que les chamois seront là. Bingo! A peine ai-je dépassé la tête du cairn de sortie que les herbivores montrent la leur, assez ébouriffée il faut bien le dire. Je suis la crête pour leur indiquer que je ne suis pas là pour les déranger, et me prends une petite pause avant de parcourir le plateau encore très enneigé pour boucler la boucle, prudemment avec un balisage rendu très intermittent et un nombre de boîtes aux lettres! Et retour en bas, où les orchidées sont là :

Orchis singe dans le jardin des blaireaux

idem hypochrome

dimanche 22 avril 2018

Bivouac au Col de l'Alpe

Scille blanche!
Voilà l'été. Avec encore un bon mètre de neige là-haut. C'est aussi le printemps, et ses myriades de crocus, scilles, et gentianes printanières. Bref, c'est du 3 en 1, et encore trouverait-on certainement des traces de l'automne, en cherchant bien. 

De l'Alpette, vue sur l'Alpe
Crocus
Scille

Il se dit : qu'est-ce que je fais là?
On ne laisse pas abattre pour autant, on n'est pas des arbres. Un besoin d'un peu de repos se conjugue à une envie de marcher dans la montagne. Ça fait assez longtemps que je n'ai pas fait une randonnée, et encore plus longtemps que je n'ai pas bivouaqué.

Vers la cabane de l'Alpette
Borne à la Croix de l'Alpe
Ça ira pour la nuit

Après-midi sous un soleil de plomb, je lève la tête au-dessus de la maison, et je me dis : "pourquoi pas?" J'attends donc 16h tranquillement, et je prend la route du Col du Granier pour le contourner et attaquer par La Plagne

Coucher de Soleil derrière le Pinet
Bonne nuit belle donne
Rideau

Je tente d'être raisonnable en marchant à 60% et je surveille chaque essoufflement intempestif. Il fait chaud, j'ai un sac qui doit faire la moitié de mon poids, je n'ai pas le rythme. Et contre toute attente, je parviens à ne pas aller trop vite. J'atteins le col de l'Alpette en 50 minutes, au moment où les derniers randonneurs descendent. 

On ouvre les yeux

Du Mont-Blanc à la Grande Casse qui dépasse derrière à droite

Une petite pause, et je file à travers la forêt vers le col de l'Alpe. Là, raquettes aux pieds sous lesquels subsiste une infâme soupe épaisse, je file. Je prends la direction de l'Alpe, plutôt que le Pinet, me disant que je trouverai là-bas facilement un rectangle d'herbe sur la crête, en surplomb de la falaise. Bingo! Il est 18h30, montage de la tente, repas, et on attend le coucher du soleil - chambre avec vue.

Premiers rayons


Un petit vent se lève, suffisant pour me glacer. Je file sous la tente finir Sur la piste animale, de Baptiste Morizot, qui soutient que le pistage a joué un grand rôle dans l'hominisation. Le vent redouble, je m'endors. 

Bon jour belle donne
Falaises, corniches

Ne voulant pas rater le lever du Soleil, je me réveille avant la sonnerie à 5h. Un léger voile brumeux en altitude moyenne, mais pas un nuage. En revanche, des traînées d'avion se colorent très vite. Et après l'explosion lumineuse, pendant le petit-déjeuner, je replie tout. 

De l'Alpe, vue vers l'Alpette
Trouvez les chamois

Pour ce matin, l'objectif est de retourner à bride abattue vers l'Alpette, déneigée car bien exposée, où les animaux doivent certainement se concentrer, à moins qu'ils ne préfèrent galérer comme des rats morts dans la neige, chacun ses goûts...


Et ça fait des farandoles, des gambades, dans la neige

En arrivant au-dessus de la cabane de l'Alpette, je vois déjà un troupeau de chamois qui broute sous les falaises du Granier. Nombreux! Je fais du bruit avec les raquettes, je les enlève, et je contourne le troupeau pour les laisser tranquilles, les observant de loin. Deux marmottes me repèrent et courent ventre à terre jusqu'au terrier. 


Je t'ai vue


Pas mal de traces de martres, mais j'espère une hermine?! Niet! Mais quelques divagations entre chamois et marmottes, avec les chocards bien bruyants, mais pas autant que ce rouge-queue noir qui vient se poster devant moi.

Rouge-queue noir

Gentianes printanières

Et après quoi, il est temps de rentrer...

dimanche 15 avril 2018

Et un week-end avec un peu de soleil

Premières orchidées dans la forêt derrière la maison :




Et, petit tour aujourd'hui au soleil de Champagny-le-haut :

Pas de gypa mais un aigle royal (1 an?)

Vers la Grande Casse

Déneigement tardif mais en cours

Famille mouflon

En grosse galère dans la neige

Un bouquetin prend les mouflons fuyards pour des boufons

Bouquetins plus sereins

Bougera pas

lundi 2 avril 2018

A la chasse!

Et en plus on te dérange
Allez on part à la chasse! et pourquoi pas après tout? Serait temps de réussir un accident bête... A la chasse neige! oust l'hiver... du balai... Un jour, il va bien falloir qu'il arrête de neiger. Les herbivores de montagne sont d'accord. Ils ne cessent de s'enfoncer dans la neige encore et encore, qui reste profonde à tort et à travers. Toute leur énergie qu'ils perdent à se déplacer, alors que la nourriture elle leur manque. Et puis les avalanches. Certains ont bien pensé à manifester mais des tensions sont apparues entre les uns et les autres, et tous s'accordant pour fustiger les migrants mouflons qui viennent jusque dans nos vallées pour manger nos herbes et nos faines. 

Muscari en grappes
Geai des chênes

Faut dire qu'ils n'ont rien demandé à personne ceux-là, qui étaient bien mieux en Méditerranée sans cette maudite neige à gambader dans la caillasse. Mais les amoureux de la nature aiment le chasser partout ; alors, paf! déportés. "Les mouflons sont une chance pour les massifs montagneux". Le mouflon dit "bêêêêh", ce qu'on peut traduire par "pas question, je veux rester chez moi", et les massifs montagneux ne renvoient que l'écho des fusils des amoureux de la nature. Bon. On en est là.

Bouvreuil pivoine


Pour être tout à fait juste, il y en a d'autres qui se lèchent les babines. Tous ces ongulés qui périssent sauvent la vie de toute une série de petits malins : loups, renards, martres, aigles, gypas etc. Naissances de gypaétons annoncées à tire-larigot, un peu partout. Lien de cause à effet avec cet hiver trop enneigé pour les ongulés? 

Lac d'Annecy
Erytrhone dent de chien
La vire et les cascades dans la faille

Bon... Pour ne pas trouver de neige, il faut en ce 1er avril descendre sous les 700m. Et encore. Voilà qu'il a neigé à 300m cette nuit. Nous tentons la Cascade d'Angon en bordure du lac d'Annecy. Le temps doit se dégager. M'enfin... chemin faisant, c'est tout le contraire. Pluie, froid, etc. Juste pour faire plaisir à ceux qui confondent climat et météo. Donc, nous contournons le lac par l'autre rive pour aller au musée d'Annecy en attendant que le réchauffement climatique fasse effet : trop tard! fermé entre 12h et 14h. Alors nous poursuivons le tour du lac, et pique-nique dans la voiture à l'abri. 

Sur la vire



A peine entamons-nous la balade à partir du hameau d'Angon, que le Soleil se pointe, timidement. Voilà! on va avoir cette impression de balayer l'hiver. La neige restante fond, les fleurs scintillent, un peu de muscari, un peu de scilles, quelques érythrones dent de chien, etc. Les oiseaux chantent. Un drôle de gugusse au-dessus de la tête, un bouvreuil pivoine aux Mouilles, où les mustélidés doivent être à la fête... 





Enfin, c'est la descente vers la Cascade, qu'on atteint par une vire étroite, boueuse, et sécurisée. Très impressionnant site... si son torrent du printemps peut emporter définitivement l'hiver avec lui...