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dimanche 30 août 2015

Le Râteau d'Aussois à la pleine lune

Aiguille Doran et Râteau d'Aussois la nuit d'avant


Il y a de ces moments comme ça... Tout conspire! et c'est magique. Ah non! non! je ne suis pas conspirationniste vous pensez bien.... mais quand même!

Lumière nocturne

Le Râteau d'Aussois, c'est un classique de la Vanoise, et un 3000m relativement bien accessible. Je voulais le faire, d'autant que je ne connais pas trop le côté Maurienne. J'ai bien fait. En chemin, je m'arrête dîner avec un bouquetin à Saint-Martin de la Porte, à la nuit tombante. Ça commence bien. Reprenant la route, la Lune se montre... je veux dire la Pleine Lune, sans doute assez proche de la Terre qui plus est. Quelle lumière! Sonate. La montée vers Orgère, point de départ pour le lendemain, est un enchantement. Clair de lune.

Sonate au Clair de Lune - Pleine Lune à son périgée

Je gare la voiture, et reste tout ébahi : il y a une montagne toute blanche dans la nuit noire, sur son sommet. La neige? le gypse? Nein! La Lune qui éclaire les dernières pentes de l'Aiguille Doran. Tout à fait étonnant. Et l'occasion de quelques essais photo. Ce faisant, je suis interpellé par quelqu'un qui, spécialiste des papillons nocturnes, organise une chasse un peu plus bas au Refuge. Intrigant. 

Chasse au papillon nocturne
Les papillons nocturnes. Appelés aussi PMV par Philippe FRANCOZ (c'est le nom de cet entomologiste), c'est-à-dire "petites merdes volantes", m'explique-t-il. Bigre! Ce à quoi un gamin lui a un jour répondu "petites merveilles volantes". Bien vu l'aveugle. Et justement, aveuglés par la nuit et par la puissante lampe installée pour attirer ces PMV, nous observons les dizaines d'insectes tapis sur le drap blanc. Des milliers d'espèces de papillons nocturnes. Un truc de fou. Et on n'imagine pas à quel point ces PMV sont jolies. Vu de loin, c'est simplement énervant un papillon nocturne. Vu de près et pris en photo avec le matériel qu'il faut (pas le mien), c'est étourdissant de formes et de couleurs variées. 

Papillons nocturnes août 2015

Il passe son temps en montagne. Ça le fait... Il a vu un "chat" un jour derrière le drap blanc aux papillons, qui était en réalité un lynx... il a eu cette chance que j'ai eue aussi. Et il a vu un chien, un jour, qui était en réalité un loup, dans les Bauges. Magique! J'en profite pour apprendre qu'il va demain avec la Garde du Parc National faire un constat d'attaque par un loup, hier. Maaaaa-da-da-yo! Loup y es-tu? Un jour! Pour celles et ceux que ça intéresse, il organise des sorties entomologiques un peu partout (exemple)

Bon. Il commence à faire frais, je vais me coucher, histoire d'être en forme demain matin. Difficile de dormir - Aiguille Doran, loups, lynx, papillons en tête... etc.

Départ au petit matin
6h45, je suis prêt à partir en direction du Col de la Masse. Le vallon dort encore, et tout le monde avec lui. Tranquille. Le départ est tranquille, jusqu'au fond du vallon, puis, on monte le long du Ruisseau de la Masse et au pied des falaises de l'Aiguille Doran, qui s'allume, cette fois, des rayons du Soleil, qui n'en atteindront longtemps que le sommet. C'est beau. 

Aiguille Doran allumée par le Soleil cette fois

Bah! biches et jeunes
Au bout d'une première série de lacets, je me libère d'une couche et je souffle un peu. Et... mais? là-haut, au-delà d'une ligne de crête... des têtes... mais ni des chamois ni des bouquetins comme on pourrait s'y attendre à cette altitude. Biches et faons! Par la Barbe du Prophète! Je reste tout estomaqué, sans savoir que ce n'est que le début d'un feu d'artifice époustouflant. Un merle vient virevolter d'un rocher l'autre. Des chamois m'observaient depuis 5 minutes. Je n'arrive plus à avancer. Il y en a de tous les côtés. Des cerfs! des cerfs sur la crête à 2800m... des chevreuils s'enfuient en poussant leur cri rauque. A chaque pas, je découvre un groupe de chamois. 

Cerf sur crête

Chevreuils

Et une marmotte s'énerve, violemment, trop violemment par rapport à la menace que je suis censé représenter. Coup d’œil dans la direction du cri. Stupeur! Un chien qui est en réalité un... renard. J'ai espéré! j'y ai cru je l'ai tellement voulu que ce soit le loup! c'était Renard sacripant, magnifique animal qui abandonne son repas potentiel en me voyant, il file à toutes enjambées, s'arrêtant de temps à autres pour m'observer. Fou.

Renard Sacripant

Cassenoix moucheté

Je tente tout de même de progresser vers mon objectif. Des chamois me sautent devant, on dirait qu'ils m'en veulent! Hé! Désolé!... Je délaisse la géologie, qui a pourtant l'air très intéressante dans ce secteur. Trop à faire avec la faune. D'ailleurs, en contournant un rocher sans nom coincé entre l'Aiguille Doran et le Râteau d'Aussois, je découvre 2 bouquetins qui font les pitres. J'ai la complète! Oeuf, jambon, fromage. Et la cerise qui ira dessus. Ainsi que myrtilles et framboises.

Bondissants chamois

Bouquetin pitre

Montée hors sentier
Petit replat vers 2722m, car j'ai quand même pu avancer un peu. Je fuis le Col de la Masse, pour monter hors sentier directement vers le Râteau d'Aussois. Une bonne pente d'éboulis, un replat où passe la trace vers le sommet en provenance du Col, et quelques déambulations faciles dans les blocs menant au plateau sommital, atteint à 9h. J'y suis seul, perdu dans la forêt de cairns. A profiter du panorama exceptionnel. Ah oui! parce que je ne l'ai pas dit, mais la montée avec, dans l'ordre, La Meije, les Aiguilles d'Arves, les Ecrins, le Mont Blanc, la Haute-Maurienne qui apparaissent, c'est grandiose. Au sommet, on a tout. Et la vue sur la Pointe de l'Echelle ainsi que celle sur la Dent Parrachée sont dantesques et ne manquent pas de piquant. 

Dent Parrachée

Pointe de l'Echelle

Mont Blanc, Grand Bec

Sa Majesté la Meije

Je n'ai pas envie de redescendre, mais je finis par m'y résoudre un peu avant 10h. J'ai en tête de passer un peu de temps sur le plateau du Mauvais Berger où un gypaète barbu a été photographié il y a quelques jours. Et puis, de rentrer par le sentier-balcon (GR5). En descendant, je croise quelques randonneurs, les premiers, dont un groupe qui fait la boucle dans l'autre sens (ce qui est à mon avis une mauvaise idée), et un vététiste qui fait de même (mais en VTT, ça passe). Je les croiserai à nouveau proches de l'Orgère. 

Vers le Plateau du Mauvais Berger

Plus loin, je croise un couple qui cherche des encouragements. Les laissant, j'entends un cri de vautour. Tête levée - vautour décollé de la falaise. Il commence à tournoyer, les thermiques fonctionnent, il s'élève et s'en va. Je suis content, mais j'aurais préféré le gypaète! Quelques minutes plus tard, un autre vautour rejoindra le premier. Et des faucons s'amuseront. Les chocards eux se régalent contre les falaises. 

Vautour fauve

Le plateau du Mauvais Berger est très joli. Il est rempli de myrtilles. Ramassage - pour rinçage et salade de fruits ce soir (car je trouverai des framboises également). Le sentier-balcon est magnifique. Il existe entre Bessans et Modane une "route panoramique" ridicule à côté de ce sentier. Quelle vue! On passe d'abord devant Plan d'Amont et son imposant barrage, puis devant Plan d'aval, magnifique de scintillements. Et on tourne vers le Col du Barbier.

Plan d'Amont

Coïncidence? J'avais dans le sac Arabesques de Felix Niesche, écrivain talentueux de la "dissidence". Je lis le magnifique chapitre qu'il consacre à Christophe le Barbier de pas Séville. Hilarant. Pique-nique, il est midi. Des fourmis rouges voraces veulent participer. Pas question. 

Plan d'Aval

Ne reste plus qu'à boucler la boucle, par la fin du sentier-balcon et la plongée en forêt, bienvenue par cette chaleur qui commence à faire son oeuvre. Et c'est le retour au Refuge de l'Orgère.

Marmotte
Euphrasia

Il est clair qu'elle restera dans ma mémoire, celle-là!

Visite aux bouquetins de Saint-Martin de la Porte

Je me dirige vers Modane pour le Râteau d'Aussois demain. Je décide de passer voir les bouquetins de Saint-Martin-de-la-Porte, en me disant qu'ils ne doivent plus être là, à cette période de l'année. Qu'importe!

Nuit tombante sur Saint-Martin-de-la-Porte

Pique-nique du soir dans les contreforts qu'ils habitent l'hiver. Pas un chat. Et puis, au moment de plier bagage, à la tombée de la nuit, il y en a un qui se montre, là-bas, au loin... Étrange.

Bouquetin qui va se coucher

mardi 18 août 2015

Tentatives, approches, replis, et ascension du Pic Carlit

L'annuelle pyrénéenne! la voilà... Après le Taillon l'an dernier, nous choisissons le Pic Carlit cette année. Pyrénées orientales. Kashmir tiens... Bon... Arrivée à Mont-Louis vers 19h, après un départ de Lyon vers 12h et une étape cauchemardesque à Perpignan (impossible de s'y garer, d'y trouver une boulangerie, et d'y être servi aimablement). Alors qu'à Mont-Louis, où il fait bien froid, un petit restau nous accueille, charmant et très bon (le Dagobert). 


Départ - Lac des Bouillouses
Direction les Bouillouses... Quelques démêlés nous aurons avec cette route à accès réglementé. En cette fin de journée, la route est ouverte, mais il est impossible de se garer aux Bouillouses, du moins comprenons-nous. Nous redescendons donc, non sans croiser une belle troupe d'une vingtaine de chevreuils, au parking 10km plus bas. Navette le lendemain matin.

Lacs dans une ambiance terne

Sous un lac, sur un lac
Il ne fait pas spécialement beau, mais ça va se dégager(...). On y va, passant d'un lac l'autre, dans une ambiance un peu terne. Plus haut, le froid le vent la pluie redoublent. Il devient évident que :
  • nous n'aurons pas de vue du sommet
  • la progression risque d'être dangereuse
Direction le Carlit? Non, merci. Demain.

Cèpes géants
Changement d'option. Ou plutôt, retour à l'option initiale, abandonnée au départ pour d'autres raisons, qui était de faire le tour du Carlit le premier jour et d'aller dormir en contrebas de sa face Ouest. Nous coupons donc, hors-sentier, pour rejoindre le GR10 qui contourne le Pic. Chemin faisant, nous tombons sur un magnifique serpent et de gigantesques cèpes. Le serpent s'avère être une vipère aspic Zinnikeri. Pourquoi Zinnikeri ne me demanderez-vous pas, mais moi je me le demande? Parce que Zinniker, l'ami de Kramer! Et alors? Et alors Kramer a décrit cette vipère le premier en 1958. Il avait donc tous les droits quant aux prénom à donner. Merci à l'herpétologue qui m'a fourni l'identification et les informations. 

Vipère aspic Zinnikeri mâle

Traversée hors-sentier
Mais nous ne tombons pas, en revanche, des rochers à désescalader, pourtant doublement piégeux car entourés de rhododendrons envahissant mais traîtres. Ces rhodos ont vraiment de jolies fleurs mais d'abominables fruits difformes. Les myrtilles ne sont pas encore bien mûres, c'est bien dommage.

Descente vers le GR10

Repas
Le temps se montre plus clément pour le repas, seulement perturbé par des vaches très curieuses. Nous reprenons la route, mais la pluie reprend aussi. Ils nous reste un col à franchir et le temps devient trop mauvais. Demain, si ça ne s'améliore pas, nous serons bloqués là-bas derrière sans pouvoir monter au Carlit et sans pouvoir rien faire... Adieu la belle boucle, mais c'est le demi-tour. Un peu maussade, quand même... Autant que le temps. Avec le temps va, tout... 

Adieu belle boucle - abandon avant le dernier col au fond à franchir

En revenant vers les Bouillouses, deux carcasses de vaches, vidées, mais complètement, par les vautours du coin. Et puis un rapace qui tournoie au-dessus d'éboulis d'où crient les marmottes. Est-ce un circaète? Étrange... il m'a l'air juvénile. Pas encore identifié ce bougre. 

Qui es-tu?

Le repas, fondue savoyarde dans les bois, réchauffe les corps et les esprits, et restera dans la mythologie. Ah! carrément?... Oui.

Circaète Jean-le-Blanc


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Départ des Bouillouses - autres temps, autres... 

Dimanche matin. Nous pensions pouvoir monter, cette fois, en voiture aux Bouillouses, où se garer est autorisé de 7h à 19h. Sauf qu'à 7h, la barrière en bas est... fermée. Toujours pas compris le principe. Bref. Navette. Mais, il fait beau! grand bleu! on voit le Carlit pour la première fois... On l'aura.

Autres couleurs

D'un lac l'autre

Pas la boucle, mais la ligne directe... la voie normale... l'autoroute. Que de monde! Un interminable petit train de randonneurs et randonneuses qui montent. Serons-nous seuls au sommet? la blague. Mais, avec la lumière, les lacs en chemin prennent une toute autre dimension. C'est magnifique. 

Au-dessus des lacs - au loin le Canigou

Vers le Pic Carlit à gauche

Voie d'accès
Puis, la voie d'accès au Carlit se dévoile, et impressionne. Un pierrier annonce les choses plus sérieuses : ça commence à monter plus sec! Une petite croupe à remonter, un petit pas d'escalade et un replat avec vue sur la traversée à effectuer. Hésitations d'un grand scarabée randonneur pas averti, mais on y va. De très bonnes prises, on n'est jamais face au vide, ça passe bien mais il faut savoir où on met les pieds (et les mains). 

Lac 2600m, sous le Carlit
Petit glaçon
Traversée finale

Tossal Colomer - descente au sud qui nous appelle! hors traces
Grenouille jeune
Joli panorama du sommet, mais je ne connais pas les massifs environnants... Magnifique vue sur le plateau des lacs. Mais une foule impressionnante au sommet. De là-haut, je constate qu'on peut passer au sud du Tossal Colomer et non au nord comme la voie normale. Voilà qui promet une descente hors-sentier et hors-foule plus ludique

Et en effet! Désescalade sauvage, grenouilles, vautours, et retour aux lacs, pour une fin au pas de course en doublant des dizaines des centaines des milliers de randonneurs petites et grands. 

Col - accès par la face Ouest (ça aurait été trop bien!...) - Etang de Lanoux
Plateau des lacs
Descente plus sauvage
Vautour dédoublé
Beaucoup d'eau

Un très beau sommet, ce Carlit, qui se mérite, mais dont la boucle sauvage est à topoter (et à refaire, un jour). 

Fin de parcours ou presque