Afficher On pense avec les pieds sur une carte plus grande

dimanche 28 septembre 2014

Ecrire et piétiner les démons

Frontières
Y en a des démons. Ceux qui empêchent de dormir. Y en a qui sont faciles à chasser. Les démons c'est la pensée. Ça pèse. Ça apaise, enfin ça devrait pouvoir. Je l'avais déjà écrit ailleurs et je résume :
Poids vient du latin pensum "chose que l'on pèse", en référence au poids de laine à filer distribué aux servantes, laine qui était suspendue d'où l'idée de pesée. Le mot sonne donc comme un hommage aux classes laborieuses, c'est déjà un premier point.
Un deuxième point, sollicite le sens immédiatement figuré de l'expression : la "chose que l'on pèse" est aussi la "tâche à faire" - le pensum. Eh ! oui... vous l'aviez vu venir, le voilà. Penser vient donc de pensare "peser, apprécier, évaluer". Stupéfait. Au fait, ne me direz-vous pas, mais je vous réponds quand même : la forme poids vient d'un rapprochement avec le mot pondus. CQFD.

Troisième point, on n'y coupera pas : au XIVe siècle apparait le mot panser "adoucir, calmer" par dérivation d'expressions telles penser de "prendre soin de, se préoccuper de quelqu'un", puis simplement penser quelqu'un, dont la graphie a évolué, pour la distinction sémantique, vers panser.

Résumons-nous :
La pensée est quelque chose qui pèse, la pensée est quelque chose qui apaise.
A quoi pansent-ils?

Bref. Tout ce que je pèse, apprécie, évalue, tous ces démons-là me submergent le jour, me laissent tranquille la nuit. Tout ce que j'écris. Les mots évacuent les maux. Pfuit!... Mais les mots sont trop faibles pour certains maux, et c'est Ernest Hello qui me l'a appris
Quelle ressource reste-t-il aux vaincus : à l'âme pour toucher Dieu, à la parole pour exprimer l'âme? Le silence. Le silence est la parole suprême qui exprime l'inexprimable, très incomplètement mais  autant que possible.
[L'homme] a peur d'employer des mots qui s'appellent aussi des termes, et de circonscrire et d'anéantir, en la déterminant, cette joie immense et timide qui se lève du fond de son âme et plane sur le monde sans se poser sur lui, le sentant trop petit pour elle.

Aïe. Je me suis toujours considéré analphabète des sentiments. Du coup, ne sachant pas exprimer ces diableries, ces démons-là m'assaillent dès que le cœur, vaillant d'un certain côté, devient vacillant. La nuit, c'est l'insomnie. 

Duerne, sous le Mont-Blanc... la brume

Que reste-t-il à faire? Panser. Penser. Les pieds. Tiens, j'aurais besoin de l'aide d'un ou d'une spécialiste de l'étymologie latine puisque pied vient de pes, pedis "la mesure". J'ai l'impression que je vais retomber sur mes pieds une fois de plus. De "mesurer" à "évaluer, apprécier, peser", il n'y a qu'un... pas, non? Ce serait donner raison, si besoin était, à Nietzsche. On pense avec les pieds. On panse avec les pieds. Mais c'est dur. 

Ces démons-là, qui me ravagent, je ne parviens ni à les écrire, ni à les piétiner. Ils m'empêchent alors, d'écrire et de marcher. Le bras-de-fer est engagé, et il ne faudrait pas qu'ils me placent un pied-de-nez. Éternellement vaincu, je ne suis pas optimiste sur mes chances dans ce combat-là. Suicidé en sursis, j'ai quand même la chance d'avoir une méta-vie plus à mon goût. Une méta-vie. L'expression m'est venue en regardant Meta-TV. C'était limpide. Il y a ce qui est clair, ce que je comprends (trop bien) et qui provoque ma fureur. Et il y a ce qui est flou, que je ne comprends absolument pas et qui provoque mon angoisse. 

Dans le flou

Ma vie est une histoire, écrite par un idiot, pleine d'angoisse et de fureur, et qui n'a aucun sens. Ma méta-vie est pleine de sens, n'est que partiellement écrite et c'est ce que je cherche. Toutefois, la suite de l'histoire nécessite ma destruction complète, pure et simple. Tout ce que j'ai écrit résulte de la destruction des anciennes idoles. Il n'y en a plus qu'une à dégommer, à gommer, mais laquelle!

Chemins fantomatiques

Apologie de la piraterie


Attention, ce texte ne mène nulle part. Je reçois demain Chemins qui ne mènent nulle part de Heidegger, et la trilogie de Lars von Trier (Antichrist, Melancholia, Nymphomaniac). Je le sais : ça va faire très mal! Si vous retrouvez des morceaux d'ici la fin de la semaine et à la suite de cet attentat-suicide, jetez-les en l'air, ils retomberont à la bonne place.


dimanche 14 septembre 2014

Le Grand Sarcoui

Mer de nuages et Puy de Dôme
Une petite balade auvergnate dominicale, non loin du Puy de Dôme, avec la montée au Grand Sarcoui. Le chemin d'accès est bordé de bruyères et genêts envahis par les toiles tissées, avec autant de patience que d'ingéniosité par des milliers d'araignées. 

(é)toile

Grotte du Sarcoui
Après une petite montée en forêt, on atteint rapidement la grotte du Sarcoui, puis le sommet du Grand Sarcoui, sorte de plateau à bruyères bien sauvage et agréable, avec un panorama qui vaut la petite peine. Et aujourd'hui, c'est la mer de nuages orientale, venant buter sur le Puy-de-Dôme. 

Anicroche avec un chasseur lors de la descente, celui-ci, payant ses impôts, considére que la nature est plus à lui qu'aux autres. Admettons qu'elle soit moins à M. Thévenoud qu'à nous ; mais je ne vois pas bien le rapport quand même. 

Début d'automne?
Panorama sud/sud-ouest du sommet

Ça nous aura permis d'apprendre que le loup a été vu au Col de la Croix Morand l'an dernier. :)

Au fait, une Montgolfière aux alentours de Vulcania :

Montgolfière

Quelques toiles : 


dimanche 7 septembre 2014

Les lacs de la Forclaz (et bonus)

C'était un échec, à l'époque, ayant pris une piste-cul-de-sac. Je persévère, car ils me font de l’œil ces lacs. Cette fois-ci, pas de difficulté rencontrée pour arriver au Fort de la Platte (1930m), si ce n'est ce sanglier qui traverse la route devant moi. Un énorme sanglier, presque un rhinocéros. 


Géométrie
Arrivé au Fort, il faut se garer, et des panneaux indiquent que c'est interdit. Un chien de garde débarrassé de sa laisse d'or (David) fait son travail et me repousse. Je redescends un peu. Au retour, je constaterai que les autres se sont garés, sans vergogne ni scrupules, aucunement, là où c'était pourtant interdit. Bon. Je monte sur la petite ligne de crête, juste à temps pour observer un ciel qui se pare de moult couleurs, l'espace de quelques minutes seulement. C'est magnifique.

Lever de Soleil au Fort de la Platte

Puis, c'est la montée, assez débonnaire, dans un vallon agréable. L'intérêt est aussi derrière : le Mont Pourri, la Grande Sassière, le Sommet de Bellecôte, puis la Grande Motte... 

Regard arrière en montant : Grande Sassière, Mont Pourri, Sommet de Bellecôte

Gouille
Arrive une gouille où grouillent les grenouilles. J'en fais le tour... hop! hop! hop!... à chaque pas une grenouille plonge. Une libellule fait la planche, involontairement... Les reflets donnent envie de s'attarder. 

Reflets matinaux
Libellule marchant sur l'eau

Lac Esola
On atteint le Col de Forclaz (2316m), après un petit 400m de dénivelé. On plonge et on remonte aussitôt sur les 5 lacs. Le Lac Esola légèrement en contrebas du parcours, doit souffrir de sa solitude. 

Lac Riondet
3 autres s'enchaînent, Riondet, Cornu, Verdet, et le Lac Noir (2537m) se mérite après avoir vaincu un court verrou supplémentaire. Arrivé là, après 1h30 de marche pépère, je repère en prenant un petit-déjeuner des bouquetins, dans le pierrier dominé par la Pointe de Combe Neuve, dont la ligne de crête attire... 

Lac Cornu
Lac Cornu et Gande Sassière, Mont Pourri
Lac Noir bien coloré

Avant de la gravir, je vais voir Cornélius Bouquetin pour l'interroger.

Cornélius Bouquetin, Archiduc de Forclaz-Beaufortain
- Henri-Bernard de la Villardière : Cornélius Bouquetin, quel est votre sentiment sur le gouvernement Valls II?
- Cornélius Bouquetin : Mon sentiment?! Epoque maudite! de sentimentalisme... j'aime? j'aime pas? imaginez-vous que je vais liker? hache dague #clash hache dague #buzz? pour qui diable me prenez-vous? L'analyse est désertée pour faire place aux pathétiques sanglots mélodramatiques ou "LOL"... Vous êtes journaliste?
- HBV : Calmez-vous! Quelle est donc votre analyse sur la constitution de ce nouveau gouvernement?
- CB : Ce gouvernement est l'apothéose de la trahison multiséculaire du dit "centre-gauche" qui fait la politique des milieux d'affaires, costumée en défense du peuple et de la démocratie. La nomination de ce Monsieur Macron, ex-banquier de chez Rothschild est sans aucun doute faite pour exterminer cet ennemi qui n'a pas de nom et qui gouverne! Il fallait mettre un nom sur cet ennemi anonyme, c'est fait!
- HBV : Votre raisonnement est un peu populiste, ce n'est pas parce qu'il vient de Rothschild que...
- CB : Nous, les bouquetins, connaissons bien les Rothschild. Cette famille sataniste utilise les majestueuses cornes de bouquetins de faire passer le Diable qu'ils adorent pour un être positif. 
- HBV : Admettons mais la baronne qui vient de mourir faisait du bon vin...
- CB : La baronne! C'est encore possible, de se faire appeler "baronne"? Appelez-moi Comte! Cornélius Bouquetin, Comte de Forclaz. Non! je vais prendre Archiduc! C'est mieux. Cornélius Bouquetin, Archiduc de Forclaz-Beaufortain.
- HBV : Votre Majesté!
- CB : Et maintenant, rampez!
- HBV : Oui, Votre Sainteté! Mais comment faites-vous donc pour vous informer aussi librement et résister à notre langue de bois?
- CB : Nos amis chocards et corbeaux nous livrent les informations, sans qu'elles ne passent par les médias des marchands de fusils (assassins de nos frères du Bargy) et Banksters
- HBV (se rappelant les ordres pris au Siècle) : Heu... mais! monsieur! Non! Je sors ma carte Joker Ananas!
- CB : Ces accusations sont grotesques et n'affligent que ceux qui les port...
- HBV : Ah! non! non! je vous coupe, pas de protestations possible! C'est le Joker Ananas! Mot compte triple! belote rebelote! Dix de der! L'infamie est sur vous à tout jamais. Demandez pardon!
- CB (lui donnant un petit coup de cornes) : je vous remercie pour cette médaille, et vous offre une laisse d'or toute neuve.

Beaufortain : Pointe de Presset, Brèche de Parozan, Aiguille du Grand Fond

Les animaux ont la dent dure. Mais rassurons-nous, leur populisme et conspirationnisme s'explique par le fait qu'ils n'ont pas lu Voltaire.

La Tour sur la crête
Je reprends ma route. J'atteins la crête, puis la petite Tour de guet? Et poursuis l'arête vers la Pointe de Combe Neuve (2961m). Des bouquetins font tomber des pierres. La vue sur le Mont Blanc se dégage. Les Écrins se montrent. 

Chambre avec vue

Il est encore tôt, je redescends tranquillement et poursuis la ligne de crête vers la Pointe Motte (2718m). Marmottes et bouquetin détalent tranquillement. Je me pose en surplomb du Lac Noir, et attends tranquillement, moi aussi, l'heure du repas. Vers 11h, les premiers randonneurs atteignent le Lac Noir ; les bruits de pierre cessent : les bouquetins sont entrés en sieste, bien cachés.

Mont Blanc, crêtes, et 3 des lacs

Descente après le repas, hors sentier pour éviter la "foule", et en contournant un patapouf au nord du Lac Noir, permettant de déboucher directement sur le delta donnant sur le lac Verdet. Le pique-nique familial est le sport le plus pratiqué en ces contrées. 

Lac Verdet et Mont Pourri

Il n'y a plus qu'à redescendre jusqu'au Fort de la Platte. 

Ondine et ondulations