Afficher On pense avec les pieds sur une carte plus grande

lundi 23 juin 2014

La dent de Crolles par le sangle de la Barrère

Grandes Rousses, Belledonne - encore beaucoup de neige!
Une petite balade d'une demi-journée? La Dent de Crolles parait toute indiquée. L'accès depuis le col du Coq permet d'y monter rapidement. Le plus direct et le plus facile, c'est par les raides lacets menant au Pas de l'Oeille. Plus long et difficile, par le Trou du Glaz, avec un sentier assez escarpé et plusieurs passages câblés (les câbles sécurisent et facilitent très grandement les passages, marqués par des passages rocheux patinés à escalader). Et puis, il y a le sangle de la Barrère. 

Dans le Trou du Glaz - 10°C
Je choisis de monter par là. Après l'agréable amusante montée par le Trou du Glaz, trou impressionnant où il fait 10°C à peu près tout le temps, porte d'entrée vers les arcanes souterrains de ce massif calcaire, après donc ce passage, un cairn indique une sente qui quitte le GR9 pour parcourir le sangle de la Barrère

Pourvu que ça tienne! Le petit pont de bois, les petits cailloux!

Départ du sangle de la Barrère
J'ai toujours eu un peu peur des sangles de Chartreuse, et un peu peur d'avoir le vertige. Mais celui-là est réputé assez facile. Et en effet, le sentier est très bien tracé, large, souvent à distance respectable du vide. Bref, par temps sec, il demande bien évidemment de la prudence, mais est relativement facile. Et cheminer le long ou sous les falaises, avec toute la Chartreuse à l'ouest, ça vaut la peine. La dernière partie du sangle est impressionnant. La vue de l'Oeille est saisissante, et marque la fin du sangle.

Sur le sangle de la Barrère
Voici le passage le plus impressionnant, qui reste facile, mais prudence
Le même, traversé

En effet, on gagne alors le Pas de l'Oeille. De là, une vire passe en contrebas du sommet, mais autrement plus vertigineuse, parait-il. Je monte tranquillement au sommet. Belle vue sur Belledonne, nuages, brume bouchent le reste. Il m'a fallu une heure pour monter, une heure là-haut, et je pense maintenant à la descente, en hésitant... allez ce sera un peu au hasard Balthazar sur le Plateau incliné de la Dent de Crolles. Plateau remarquablement couvert de lapiaz. Des randonneurs ont rencontré des chamois et marmottes, mais plus personne quand je redescends. 

L'Oeille, corne oubliée par un rhinocéros il  y a 10 millions d'années

Chamechaude - Col des Ayes (itinéraire)


Je rejoins alors le GR9, pour reprendre par le Trou du Glaz. La désescalade des passages câblés est bien plus délicate que leur escalade. Mais ça se fait. Et hop! une heure de descente tranquille. Et voilà une petite promenade bien agréable avec mon premier sangle parcouru.

Des Lyonnais au sommet. Venus par la source du Guiers, grâce au topo sur Altituderando. Pour la prochaine visite...

dimanche 8 juin 2014

Bivouac au Grand Veymont

Au départ : l'objectif
Je reviens au Grand Veymont après un échec récent dû à la météo. Cette fois-ci, il doit faire beau les trois jours de cette Pentecôte. Me voici donc à Gresse-en-Vercors, avec en tête de passer la nuit sur les Hauts-Plateaux. 

J'opte pour une montée par le Pas de la Ville, pour redescendre le lendemain par les Bachassons. La semaine a été difficile, et le départ sera à cette image. Je ne pense pas à regarder la carte, ni même les balisages. Je prends une piste, comme ça, allez... Je ne pense pas. J'arrive à un barrage, monte en quelques lacets un peu au-dessus, et c'est au bout de 30 minutes de marche que j'ai enfin la lucidité de me demander si je suis sur le bon chemin. Tiens, aucun balisage. Tiens, le barrage en question n'est pas du tout sur l'itinéraire du Pas de la Ville. "Petit" moment d'agacement, et je m'inflige des flagellations urticantes en coupant un pré pour rejoindre le bon chemin. 

Agréable montée en sortie de forêt

Deuxième coup de massue sur la tête : étant parti à presque 16h, je croise les randonneurs qui... redescendent! Evidemment! Mais, c'est bien la première fois que ça m'arrive, c'est habituellement l'inverse, et c'est difficile moralement. C'est surtout difficile parce que je galère un peu avec un sac deux fois lourd qu'à l'accoutumée, en pleine chaleur. 

Vue depuis le Pas de la Ville

Pas facile! M'enfin, en sortant de la forêt, je trouve très vite des bouquetins qui me distraient, des névés qui me permettent d'improviser une calotte glaciaire pour me rafraîchir les idées, et le paysage de montée est magnifique. Malgré toutes ces difficultés, je parviens au Pas de la Ville à 17h30.

Entre Pas de la Ville et Grand Veymont

Résidente hospitalière du Pas de la Ville
Longue pause avec une étagne très tranquille, qui semble avoir la même intention que moi, de repos au Pas de la Ville. On cohabitera très bien. Puis, c'est la montée au Veymont. Elle est plus facile, je veux dire moins vertigineuse que je ne le pensais : même un court passage en versant est, avec des escaliers très légèrement déversants ne posent pas de difficulté. Et cette montée est magnifique, très variée, jusqu'à la vue sur les falaises du Veymont. Là, c'est une longue traversée finale dans des pentes herbeuses, dont on a l'impression de ne pas voir la fin. 

Il est mignon, lui

Au sommet : Dévoluy et Mont Aiguille
Mais, à 18h20, quand j'arrive au sommet, c'est même assez émouvant. Il n'y a plus personne au sommet. Et un abri a l'air très approprié pour y dormir. Ma première idée était de redescendre dès ce soir, je change d'avis. Légèrement en contrebas, nichant apparemment dans les falaises, des oiseaux à ailes blanches... des niverolles alpines? je ne sais...

Bivouac au sommet
D'autres randonneurs arrivent cependant, dont un couple qui n'a pas de tente et à qui je laisse l'abri. Avec leur aide, nous rafistolons un abri plus modeste, et je pense que ce sera bien suffisant et que le vent va tomber : erreur! Repas, coucher de soleil. Mais le vent redouble, et va s'avérer insupportable toute la nuit, jouant dans les voiles de la tente. Si j'avais su, j'en aurais empilées, des pierres! Résultat : je ne dors pas beaucoup.

Coucher de Soleil

Vers 5h, je me dis qu'il faudra un courage surhumain pour sortir 1/ du duvet et 2/ de la tente, tant ça souffle! M'enfin, après 5h30, j'y parviens. Et chacun d'attendre l'apparition du Soleil. Ravissement multi-coloré qui fait vite oublier la nuit presque blanche!


Tente remballée, sac refait, descente entamée. Les beaux lacets de descente sont vite avalés. Dans la prairie, de nombreuses tentes, abritées, elles, du vent... Mais sans doute pas le même lever de Soleil... J'hésite à monter au Petit Veymont... Mais le poids du sac, une ampoule apparue... je préfère rester dans du plus débonnaire. 

Terrain de jeu pou le jour 2

Crête des Rochers du Prayet, avec marmottes et bouquetins. Arrivée au Pas des Bachassons. Et j'opte sur le sommet de Peyre Rouge, avec retour par le sommet de Montevilla, avant d'entamer la descente. Belle alternance de pelouses et chaos rocheux. Belles vues, aussi, sur les plateaux. Bouquetins un peu partout. 

vers Peyre Rouge
puis vers Montevilla
Grand et Petit Veymont

De retour au Pas des Bachassons, il est temps de penser à la descente. Un comité d'adieu me surplombe. Des névés plats occupent le pas, et un plus inquiétant pont de neige au-dessus du ruisseau. Ensuite, descente dans la caillasse, et aujourd'hui, les randonneurs croisés montent... 

Comité d'adieu

La forêt est la bienvenue... j'estime qu'elle pourrait abriter des sabots de Vénus, et c'est le cas! très régulièrement, quelques pieds, magnifiques. 

Vue arrière sur la descente

Pour le retour vers Gresse-en-Vercors, le parcours est alors une succession interminable de ravins à traverser, séparés par des sous-bois agréables. Jusqu'à une improbable sculpture naturelle... 

Sculpture naturelle dominant un ravin

Puis, c'est le côté interminable qui prend le dessus. J'en ai plein les pattes et surtout le dos. Mes épaules ne supportent plus le sac. J'avance difficilement, et je laisse la "Baraque du Veymont" pour un retour annoncé plus direct (discutable!) par la crête du Brisou, que je gagne à bout de force. Pique-nique réparateur, et descente la crête des Alleyrons qui ramène au point de départ. Ouf!