Afficher On pense avec les pieds sur une carte plus grande

samedi 26 octobre 2013

Sonate (d'extrême-gauche) d'automne dans les Bauges II - Monts d'Armène et Pécloz

N.-D. de Bellevaux sous la Lune
D'abord la musique.



Pécloz, Armène

Et puis schve-schve... schve-schve. Oh! je sais ce que vous allez dire. Mais on n'imagine pas ce que peut donner un schve couplé en 4. Ce son des feuilles mortes fraîchement tombées sur le sol, maltraitées encore par les séries de 4 pas de tous ces randonneurs scrupuleux - droite, gauche, droite, gauche... J'en étais là, pas pour longtemps puisqu'il faut toujours avancer, j'en étais là en pensant par mes pieds au titre de l'article. Sonate II (Sonate I ici)

Le Pécloz en descendant de l'Armène

Je suis anti-américain, vous le savez bien, puisqu'il n'est pas né celui qui me fera boire du Coca, chanter les louanges de Monsanto, j'en passe en me questionnant sur le temps écoulé depuis le dernier film hollywoodien que je suis allé voir. Il n'en faut pas plus pour être anti-américain primaire. Posant le pied suivant à terre, c'est Philippe Val qui vient à mon esprit, l'âme tranchante qui m'habite, un peu merle moqueur. L'effroi s'empare de moi. Si Val a raison, étant donné mon anti-américanisme avéré, je suis antisémite. Horresco referens! D'après Val, USA = cosmopolitisme = juifs. Bon. Yabon Coca. 
Je note la subtilité du raisonnement, sans m'en étonner, puisqu'un intellectuel du centre-gauche comme Val ne peut que ça, être subtil. D'ailleurs, c'est un voltairien, autant dire que ses paroles sont Lumière. Il cite Nietzsche et Spinoza tous les matins au petit-déjeuner! Il va sans dire que faut pas être con pour comprendre le conatus.

Mont-Blanc depuis le Pécloz, un âne sur la tête, supposé annoncé la pluie pour demain, validé par Météo France (n'en jetez plus)

Je me sens mal embarqué, mais je pose l'autre pied. L'horreur! quand le raisonnement du sieur Val me paraît corroboré par d'autres faits. J'apprécie Siné, "ordure antisémite" d'après Asko-copain-Val. J'aime beaucoup Dieudonné, "ordure antisémite" d'après Siné. De là : Dieudonné = (ordure antisémite)². Et Céline! (ordure antisémite)^3. Et Lars von Trier qui "comprend Hitler"... l'affaire est pliée.

Montée en forêt

Alors, pour me racheter, si c'est Dieu possible, je rends hommage à ces grands films que je n'ai pas vus, mais qui furent assez grands pour mériter une suite. Je ne les cite pas, vous les connaissez mieux que moi.

Force chocards, moult chamois

Donc, Sonate d'automne dans les Bauges II, le retour. Imagine-t-on Sonate pathétique II ? Satantango II ? Les chants de Maldoror II ? Je dérape encore... ce sont ces satanées feuilles jonchant le sol légèrement humide. A chaque fois que je pose le pied gauche, je pars en vrille. 

Roche Torse

C'est quoi la gauche ? Voici une petite historiette, toute petite, un petit dialogue de rien du tout. Pour cette fois.
- type du centre-droit : Ah voilà! on a découvert des mines de phoslyxium au Congo, il faut les coloniser!
- l'emmerdeur : euh? oui? d'accord, c'est très bien le phoslyxium (encore que, si on réfléchit bien...) mais c'est pas très gentil pour les Congolais
- gusse du centre-gauche : c'est tout à fait exact, oublions le phoslyxium (tu parles) mais colonisons quand même le Congo, pour leur apporter la Démocratie, les Droits de l'homme, la Civilisation, les Lumières
- l'emmerdeur : ah! c'est tout à fait altruiste, me voilà rassuré!

Rassuré... un pas de plus... pas rassuré pour un sou, l'emmerdeur... Centre-gauche et centre-droit rivalisent heureusement d'astuce pour le canaliser. Celui-là, il faut qu'il paraisse être réactionnaire, névrosé, paranoïaque, conspirationniste, négationniste, fasciste, intégriste, etc. faut pas qu'il bouge! pas du tout!

Bauges automnales

L'Empire du moindre mal, c'est quoi? Vous le voyez le lac en surfusion? Renseignez-vous! il n'est pas gelé, il est prêt à l'être d'un coup d'un seul au moindre mouvement de l'eau. Ça y est? Vous les voyez les cavaliers dans le lac? Aucun ne doit bouger. Pas le moins du monde, aucun... absolu. Le moindre con qui bouge la jambe, la patte, c'est fini... tous prisonniers des glaces... tous foutus.

Trélod, Arcalod


Et nous, nous pensons être dans ce satané lac, pétrifiés de peur à l'idée d'être pétrifiés de glace, au moindre mouvement. Alors que... schve-schve... schve-schve... il faut poser les pieds, l'un l'autre l'un... Et caetera.
Descente en forêt
Et on termine...

Rideau - retour

dimanche 6 octobre 2013

Pointe de Chaurionde (2173m)

Le temps ne s'annonce pas superbe, mais a priori sans pluie... une sortie quand même ? J'opte pour les Bauges, je pointe Chaurionde

Départ du Nant Fourchu (996m), et la montée en forêt fait remonter quelques souvenirs, quand nous étions allés jusqu'au Col d'Orgeval. L'automne sonne déjà...



Les cloches annoncent la sortie du bois. Marguerite m'accueillent. 



La brume qui semblait se dissiper, retombe de nouveau, et bouche la vue à mon arrivée aux alpages d'Orgeval, mais par intermittence seulement, laissant parfois apparaître les chalets, voire le Col qui les surplombe, et surtout des arbres jaunes, verts, saisis par les rayons matinaux. C'est très joli. 

Alpages d'Orgeval

Après 1h de marche, une pause aux chalets d'Orgeval (1603m), déserts. Plus haut, descendant sur le Col d'Orgeval, un troupeau de biquettes, escortées par leur patou qui aboie fort. J'attends tranquillement qu'ils libèrent le passage et s'éloignent du chemin, avant de reprendre ma route... Le col (1732m) est vite atteint. La vue est très largement voire totalement bouchée. Vers Chaurionde, on ne voit rien. Vers Arcalod, c'est plus dégagé. Un bruit de pierre? je repère un troupeau de chamois aux jumelles, au pied du pierrier de l'Arcalod. J'emprunte le sentier y menant pour me rapprocher d'eux.

quelques chamois sous l'Arcalod

Alors, hésitations ! et pourquoi ne pas faire l'Arcalod avant Chaurionde ? Seulement, le terrain est glissant avec les pluies de ces derniers jours, et les dalles rocheuses de l'Arcalod ne me tentent pas plus que ça dans ces conditions... J'attendrai un autre jour, plus sec, pour le sommet des Bauges.

Je redescends donc au Col d'Orgeval ou 3 randonneurs arrivent. Ils hésitent aussi à faire l'Arcalod, mais eux décident d'y aller. Bon. Moi, je file vers Chaurionde, et le brouillard le plus épais. La montée est d'abord facile, malgré un panneau signalant un terrain dangereux (?). Puis, vers 1950m, on atteint une crête étroite qui doit être bien agréable par beau temps. Aujourd'hui, je ne vois que la structure rocheuse d'un côté, et la raide pente herbeuse de l'autre.

sur la crête vers Chaurionde

A un moment donné, je ne peux plus monter, je dois donc être arrivé, ça tombe bien, je commençais à pester de monter sans rien voir. Et en effet, la Croix est par terre. Dieu est mort. L'Enfer, c'est le froid. Le sachant, j'avais prévu les gants et la grosse polaire, qui ne sont pas de trop. Encore quelques bruits de pierre, j'attends que la brume se lève, et je vois une autre troupe de chamois, dans les jolies ravines qui descendent de Chaurionde. 
Dieu est mort
 


J'en profite pour voir (c'est quand même plus rassurant) la crête du retour. Après le repas, après le thé, je reprends la route, en descendant la crête vers le col du Drison. D'abord vers le sud, puis le sud-est. A peine parti, un autre patou s'énerve. Je suppose qu'il s'appelle Jean-Michel, ou Bernard-Henri, ou Frédéric, ou Claude, enfin, un bon chien de garde quoi. Je ne vois rien, de nouveau. Je m'en vais donc sans trop savoir où il est, avant de comprendre qu'il chassait les chamois 200m plus bas. Ils courent vers l'autre versant de Chaurionde. Moi aussi, mais ils vont plus vite, les bougres. Je les reverrai plus tard.

le retour, c'est cette crête
descente

Au Col de Drison, c'est Balthazar que je trouve, il est au chalet en bas, stoïque. Puis, c'est d'un talweg l'autre pour le retour au Nant Fourchu, pour un parcours bien long, voire longuet, dans la forêt.
Balthazar
quelques knauties, encore... souvent habitées par des abeilles à bout de force



19km et 1500m+ environ pour cette sortie.