Afficher On pense avec les pieds sur une carte plus grande

dimanche 21 juillet 2013

Col du Soufre depuis le plan de Tuéda (Vanoise)

Grandes tergiversations au moment de choisir la sortie du lendemain... et je finis par me décider pour l'autre côté de l'Aiguille du Fruit, après l'avoir observée dimanche dernier depuis le Petit Mont Blanc. Je me range donc au plan de Tuéda (1701m). En arrivant, la Lune et une lumière rouge m'accueillent. 


Le lendemain matin, le départ à 5h15 est facile, mais un peu dans le noir. Je ne tombe pas dans le lac, réveille les vaches, atteins rapidement le Vallon du Fruit (environ 2000m), ses ruines, son Chalet de la Plagne, son Doron très blanc, et ses ruisseaux transparents apaisants. Chemin faisant, j'ai l'impression de tourner autour de l'Aiguille du Fruit (3048m), alors que dans la réalité, je tourne autour de l'Aiguille du Fruit. Je voulais dire... des hérésies quoi... Copernic etc. Bref. 

dans le Vallon du Fruit

L'étape suivante, c'est le Refuge du Saut (2127m), fermé cet été car en travaux d'extension et réhabilitation. Là, c'est la bifurcation : vers le col de Chanrouge, pour faire, par exemple, le tour de l'Aiguille du Fruit (ou attendre que l'Aiguille du Fruit tourne autour de vous, donc), ou vers le col du Soufre dont il est précisé sur un panneau que l'itinéraire n'est pas aménagé. J'avais opté pour cette seconde option - en route !

au-dessus du Refuge du Saut

La route est très agréable, d'ailleurs, d'un plan l'autre par quelques raidillons à gravir à chaque fois. Je pense un peu au Vallon de Sales mais ça n'a rien à voir, ce relief en terrasses excepté. Au-dessus du Saut, ça devient très fleuri, ou plutôt il fait assez jour pour que je remarque les fleurs. Lys de Saint-Bruno, lys martagon, nigritelles, joubarbes, campanules, etc. !... c'est superbe. Une marmotte sort le nez, mais pas plus, de son trou. 

joubarbes
lys martagon
Pédiculaire - scrophulariacées
pas encore coiffée


































Je gagne alors une petite passerelle permettant de franchir le Doron. Elle a l'air solide, mais j'en connais que cette passerelle aurait impressionnés. Traverser à gué serait assez suicidaire, de toute façon. Une fois cette passerelle héroïquement (au moins) traversée, nouvelle fourchette : une sente part nulle part (mais vers les Lacs du Mont Coua, d'après la carte), et une autre vers l'itinéraire non aménagé du Col du Soufre. Le parcours est très bien cairné. 

Aiguilles de Péclet-Polset (3528 et 3562m)
Linaire - scrophulariacées

1 bouquetin, puis 2, sur une petite crête à l'est. Le second va littéralement fondre dans la lumière du Soleil qui se lève. Je poursuis en bordure du grand Glacier de Gébroulaz, qui donne sur les Aiguilles de Péclet-Polset (3528 et 3562m). Les névés persistants se passent très facilement. Le Col du Soufre est en vue, surplombé par un petit nuage qui se pare tout d'un coup de magnifiques irisations (photo pas à la hauteur de l'événement). Les couleurs rouge et orange rivalisent pour imposer le décor. 

ombres sur la crête
irisations
couleurs au Col du Soufre

Au Col (2817m), on est face à la Pointe de l’Échelle (3422m). Je monte un peu sur la petite pointe sans nom (2921m) qui domine le col, il faut mettre les mains, et c'est facile de faire le malin à la montée, mais la descente est plus difficile avec ces roches qui s'effritent et ces appuis très mal stabilisés...  J'ai mis moins de 3h à faire tout ça au lieu des plus de 5h annoncées en bas, alors je me dis qu'un petit détour aux Lacs du Mont Coua s'impose. 

Aiguille du Fruit depuis la petite pointe sans nom au-dessus du Col du Soufre
Roc du Soufre

Hélas, la descente va s'avérer plus difficile pour le genou droit, une légère douleur pointe... pas question de forcer, je ne rajoute pas les quelques 250m- supplémentaires du retour des Lacs. 

Péclet-Polset et Glacier de Gébroulaz

Pas le temps d'être déçu, puisqu'en repassant devant la crête de tout à l'heure, qui surplombe une petite falaise de gypse (?), je retrouve 1 bouquetin, content de dominer la situation, et qui décide de se coucher. Mais quelques bruits de pierres... et en-dessous, 7-8 autres jeunes bouquetins m'ont donné une leçon d'escalade. Pour moi, la paroi était quasiment verticale, et ils tenaient debout (?) voire se déplaçaient en traversée (?). Impossible ! Il y en a un qui a passé plus de 20 minutes complètement bloqué... il ne pouvait plus avancer, pas se retourner, il ne faisait pas le malin. J'ai même cru qu'il allait tomber, mais il s'est heureusement rattrapé. Les autres se sont relayés pour venir le chercher. Il a finalement réussi à se dégager...


équilibristes ! celui du bas est coincé là depuis fort longtemps !

Plus bas, les grands mâles, eux, préféraient manger. Je passe sans les déranger. Des traces de chamois sur un névé... mais pas de chamois en vue. 

vieux mâle



Je finis tout de même par reprendre ma route :

retour au Refuge du Saut

Il ne me reste plus qu'à regagner le Vallon du fruit pour un pique-nique bien mérité, au bord des eaux transparentes sus-citées. En pérégrinant, je suis tombé sur un lac parfaitement transparent, lui aussi... Étonnant. 

retour au Vallon du Fruit
carpettes
lac sans nom, transparent
pique-nique

Je rentre alors, en dévalant aussi lentement que possible les 300m qui me séparent de Tuéda (je ne m'étais même pas rendu compte de ces 300m+ à l'aller... dur dur). 28km et 1800m+ pour aujourd'hui...

ancolie bicolore

dimanche 14 juillet 2013

14 juillet au Petit Mont Blanc

Il fait frais ce matin aux Prioux (1710m), et la lumière n'est pas encore allumée. Direction le Petit Mont Blanc (2680m), je n'avais encore jamais mis les pieds de ce côté-ci de la vallée. La montée est tranquille jusqu'à la ravine laissée par le ruisseau des prioux qui lui, a foutu le camp. Là, on contourne une avancée rocheuse puis on monte en lacets très agréables, dans la pénombre et au milieu des lys de Saint Bruno. Des centaines, des milliers de lys !

Lys de Saint-Bruno



Après les lacets, la pente devient moins raide et on reprend vers le nord en direction de la cabane du Mône, à l'entrée du vallon qui mène au col du Mône (2593m). En route, j'aperçois un chamois plus haut, bien plus haut. Je le retrouverai une fois au col, encore loin, qui s'enfuit pourtant. Les marmottes sont plus tranquilles. 

chamois














Lumière
A 7h, double événement : la Lumière me touche et les lys disparaissent. Ne serions-nous d'ailleurs pas le 14 juillet ? Ah ! mais je comprends mieux. Jusque-là, je pérégrinais dans les temps obscurs, barbares, sauvages, noirs... Les abrutis de gueux avaient un Roi à fleur de lys. Et alors, la Lumière est arrivée. Les Lumières, même. Qu'est-ce donc ? Des philosophes milliardaires sur lesquels on peut s'asseoir (Voltaire), et des banquiers qui distribuent aux manants des fusils le 14 Juillet pour faire la Révolution. La Révolution... ah ! mais oui !... Les banquiers ont dit à la canaille : "vous en avez assez de donner le fruit de votre travail à ces vieux aristos ! il faut que ça change ! (le changement, c'est maintenant)". Puis, en chuchotant : "vous voulez pas nous le donner à nous, le fruit de votre travail ?". Le tour était joué. Passez muscade. La "Révolution"... Il ne restait plus qu'à apporter cela aux races inférieures de par le monde. 

Petit Mont Blanc - reliefs

Imaginez-donc ma Joie de voir les Lys remplacés par la Lumière en ce 14 juillet. Jules Ferry ouakbar ! Je me sentis très français tout d'un coup.

Pointe de l'Echelle

Bref. Reprenons notre chemin. Il n'y a plus qu'à monter au Petit Mont Blanc dans une ambiance assez lunaire, si on peut dire. Superbe. La Grande Casse est à contre-jour, c'est le petit regret. Qu'à cela ne tienne. Je redescends de l'autre côté, vers le col des Saulces (2371m). Des sculptures rocheuses m'attendent, et je croise un trailer qui monte, et me rejoint dans la descente durant mes activités photographiques. Il fait "le grand tour". Je le rattrape au col, et il m'explique qu'il va redescendre et remonter en face - vers les Nants ? vers les Marchets ? Bigre ! Non... en fait, il poursuit vers Péclet-Polset, on l'attend à un refuge vers là-bas pour le déjeuner. 

Pentes finales du Petit Mont Blanc, devant les Glaciers de la Vanoise
Sommet, sous le Grand Bec
 
Moi, je remonte vers le Col des Saulces (2546m) - non, ce n'est pas une erreur de ma part - qui surplombe le lac blanc certainement rendu marron par les glissements de terrain qui doivent être monnaie courante par ici. Et hop ! hop ! hop ! je me retrouve au col du Mône (2593m) après avoir ainsi fait le demi-tour du Petit Mont Blanc. 

descente vers le col des Saulces

Petit Mont Blanc

Je redescends vers la cabane. J'avais repéré à la montée des nigritelles. Cette fois-ci, la lumière les atteint. Je les recherche pour les photographier. Et ma recherche m'offre en prime des edelweiss, toutes jeunes, magnifiques... 

Nigritelle
celle qui m'amène aux edelweiss...
Edelweiss


Il n'y a plus qu'à tout redescendre. Un chemin part sous le Petit Mont Blanc, vers le Grand Béchu, dans un relief tout à fait original, et qui me permettra de faire l'autre demi-tour du Petit Mont blanc. Quelques pointillés sur la carte IGN... quelques hésitations... vite balayées. Sentier bien tracé et extrêmement agréable, avec un ou deux passages un peu exposés mais sans risque, par temps sec. C'est assez impressionnant puisque tout du long, on voit la vallée, mais pas le sentier, dans des pentes extrêmement raides (les courbes de niveau !!) mais les lacets sont formidables... et le parcours tellement fleuri !


Ne reste plus qu'à remonter le GR 55 du Pont du Diable (1652m) au parking (1750m), partie évidemment la plus pénible de la randonnée, mais le pique-nique les pieds dans l'eau glaciale du Doron de Chavière efface ça...



dimanche 7 juillet 2013

Pique-nique au pied du Granier

Suite des aventures du jour, un pique-nique sur la route du retour, au pied du Granier, dans un champ de linaigrettes. L'occasion de voir aussi de belles gentianes, et une multitude de sabots de Vénus grillés, entre autres orchidées...

ruissellement orangé

pique-nique au milieu des linaigrettes
moins majestueux, une fois passé au barbecue
orchis à deux feuilles
grande listère
un peu papillonné aujourd'hui, finalement...
gentiane jaune

Arrêté par la neige au Lac d'Amour

Direction le Beaufortain... Mais où ? j'hésite entre les lacs de la Forclaz (où j'avais déjà voulu aller l'an dernier) et une petite traversée de l'autre côté de la Combe Neuve, autour de la superbe Pierra Menta. Je finis par choisir la deuxième option, et pars pour Treicol (1695m), point de départ de la randonnée :

pour demain
Départ avant 6h ce matin, par une température bien agréable, sur le GR5 qui traverse régulièrement la piste et les ruisseaux au fort débit. Il faut dire qu'on voit d'en bas qu'il reste encore beaucoup de neige là-haut... ce qui aurait pu me faire changer d'avis de randonnée...

l'un des affluents du Ruisseau de Treicol
Après cette cascade à traverser plutôt pieds nus sur la piste, le GR marque un replat dans des alpages fleuris de pulsatilles des alpes jaunes :

Pulsatille des Alpes
Je poursuis mon programme, laissant GR5 à gauche et GRP Tour du Beaufortain à droite pour gagner la première étape : le Lac d'amour (2248m). Encore largement gelé :

Lac d'Amour
De nombreux bivouacs sont installés, mais le coin doit être plus propice une fois débarrassé de cette neige... Je monte un peu pour jauger le parcours vers la deuxième étape : le pied de la Pierre Menta (2714m). Peu accueillant, il faut bien l'avouer, dans ces conditions :

euh... une autre fois !
Lac d'Amour et Col du Coin, une autre fois aussi

Alors je redescends, tranquillement, dans les névés, en surprenant ici ou là quelque marmotte debout avant les rayons du Soleil... Revenu à Treicol à 8h, je vais prendre un petit déjeuner au Roselend :

La Pierre Menta depuis Roselend
Aspergette
Et voilà une sortie bien plus courte que prévue, mais prometteuse...