Afficher On pense avec les pieds sur une carte plus grande

dimanche 14 avril 2013

Le Grand Crêt d'Eau (Jura)

Le printemps est vraiment là, cette fois. Je laisse la neige fondre dans les Alpes et je profite de cette très belle journée pour partir à la découverte du Jura. En préparant la sortie, j'apprends avec stupéfaction que le massif de l’Épine fait partie du Jura, qui continue même jusqu'à... Voreppe. Ça alors. Soit. Le Grand Crêt d'Eau (1621m) n'est qu'à 1h15 de route de Lyon, et a l'air très sympathique... Alors, départ de Lyon à 7h pour gagner la ferme du Métral (759m) au-dessus du Ballon, lui-même au-dessus de Bellegarde-sur-Valserine.

Dès le départ, la vue est superbe sur les Alpes. On la quitte pour cheminer au nord, avec quelques primevères, pulmonaires et pensées pour les couleurs, coucous et autres maîtres chanteurs pour les sons. 

Chemin des Vaches : il nous mène à Sorgia d'en bas (1221m) par un chemin très raide. Finalement, ça faisait un moment que je n'avais pas randonné seul, et j'avais oublié que dans ce cas : je pars vite, et je marche de plus en plus vite. Les grosses gouttes tombent du front dans ces lacets forestiers rapidement absorbés. Je souffle un peu et je sors de la forêt pour gagner une ambiance assez étonnante faite d'herbages, d'arbustes, d'ombres et de lumière, de névés, de bruits dans les fourrés : un grand cache-cache. Puis c'est Sorgia-d'en-bas. 












Sorgia-d'en-bas
Bellegarde-sur-Valserine















On retrouve pour quelques mètres la forêt et la neige se fait plus abondante. Les raquettes, les guêtres, n'auraient pas été de trop, mais ça passe bien, sans, malgré tout...



Un petit thé s'impose sur les ruines de Sorgia-d'en-haut (1400m) : extrêmement paisible. Je remonte alors vers le Crêt du milieu (1597m), en faisant au passage s'écrouler un pont de neige qu'une seconde d'inattention m'a empêché de suspecter : allant directement sur un rocher qui émergeait de la neige, je me suis retrouvé au moment d'y mettre le pied 1 bon mètre plus bas !... 



La neige modèle encore les paysages : 



Du Crêt du Milieu, la vue est superbe même si quelque peu masquée par un crêt sans nom mais pyloné, plein sud. En quelques minutes, je gagne le Crêt de la Goutte (1621m), sa borne et sa table d'orientation, bien utile parce que je n'ai pas l'habitude de voir les Alpes depuis ce point de vue. Entre temps, quelques photos de croqus. Un couple de randonneurs de Bellegarde m'informe : dans 15 jours, ce sera tout bleu et blanc, un tapis de croqus !

Du Crêt de la Goutte, vue sur le nord du Jura


Quelques sommets, du Lac Léman jusqu'à la Chartreuse

Lac Léman et Massif de la Jungfrau
Les Dents du midi (dont Haute Cime 3257m)
La Dent Blanche (4357m)
Le Cervin (4478m)
Le Chardonnet (3824m) et l'Aiguille d'Argentière (3902m)
L'Aiguille Verte (4122m)
Les Grandes Jorasses (4208m) et l'Aiguille du Midi (3842m)
Le Mont Blanc (4810m)
L'Aiguille de Tré-la-tête (3930m) et l'Aiguille des Glaciers (3817m)
L'Etale (2484m) et la Grande Sassière (3747m)
Le Mont Pourri (3779m)
Le Sommet de Bellecôte (3417m) et la Grande Motte (3653m)
La Grande Casse (3855m) cachée par la Tournette (2351m)
Les Dômes de la Vanoise (3586m) et les Aiguilles de Péclet-Polset (3561m-3531m)
Les Aiguilles d'Arves (3514m)
La Meije (3983m) et le Râteau (3809m)
Le Pic de l'Etendard (3464m)
Le Grand Pic de Belledonne (2977m)
La Chartreuse - le Grand Som (2026m) et Chamechaude (2082m)


Le repas, à l'abri du vent, est aussi l'occasion de suivre une discussion de nageurs/kayakistes et leurs déboires sur le Rhône, son courant, ses tourbillons... Je préfère la terre ferme. Et, c'est la descente, en courant dans la neige, ce qui est très amusant. Arrivé vers Sorgia-d'en-bas, je constate que la neige a fondu comme neige au soleil... Le chemin en est presque méconnaissable. Les croqus percent. Clap clap, le sentier est transformé en petit ruisseau, je clapote. 

 


Je redescends enfin en voiture par Grésin... la petite route-balcon est superbe. Voilà... 12km et 1000m+ en environ 2h30 de marche (et autant de contemplations).


Un petit bonus - mise dans l'ambiance pour le 5 mai (où Mélenchon risque de devoir défiler avec Frigide Barjot) : 

Nietzsche contre le christianisme
Et la lumière fut...

lundi 1 avril 2013

Le Roc Marchand (Beaufortain)

La falaise de Roc Marchand (2103m)
Une anecdote amusante a réchauffé mon dimanche pascal. Un brave monsieur fixe une éolienne. Je sens qu'il va me poser une question... elle va sortir de l'ordinaire... je le sens. "Vous connaissez le prix d'une éolienne ?", qu'il me demande comme question. Je l'avais sentie. "Non, je n'en sais rien", que je lui réponds. C'est là... il enchaîne... il connaissait c'est vrai ma réponse avant de poser la question... juste pour vérifier qu'il l'a posée... "Oui, vous ne servez à rien". C'était évident. "Vous ne servez strictement à rien". Le fait est ! "Oui, vous êtes un scientifique, vous n'êtes pas un économiste". Et comment !? Interrobang. Évidemment, je n'ai pas la répartie. J'ai un dossier sur les économistes, pourtant. Les fameux... raisonnables... les distingués - ils le sont tous, les experblablas quoi. "C'est bien, il en faut aussi, vous me direz..." Et il s'en va. Des Marc Touati en veux-tu en voilà ! et nous n'en voulons pourtant pas. Mais des scientifiques ! ah... bon !...s'il en faut... je voûte le dos.

voûte de neige
"Car un homme qui a deux voitures est plus heureux qu'un homme qui a une voiture. C'est aussi con que ça un économiste ? Oui." - Oncle Bernard, anti-économiste, devenu Bernard Maris, économiste officiel

C'est même encore plus con, un économiste. L'économiste, c'est l'expertise incarnée, vous le savez. Vous avez 10 euros, vous les avez !! ils sont dans votre poche gauche, ils y sont, là. Prenez-les, c'est infaillible, vous verrez. Mettez-les dans votre poche droite. Trempez-la dans l'huile, si vous voulez, mais c'est facultatif, simplement parce que vous n'êtes pas l'homme pragmatique raisonnable rationnel qu'est l'économiste, vous devez obéir encore à quelque superstition arriérée... donc, trempez-la dans l'huile, ce n'est pas le point. L'essentiel : vous avez déplacé vos 10 euros de la poche gauche vers la poche droite. Vous avez désormais : 20 euros ! Je vous assure, c'est l'économiste qui le dit. Et il ne saurait se tromper. 
Vous savez, il y a encore plus beau : prenez vos 20 euros, trempez-la dans l'eau, et remettez-les dans la poche gauche. Vous avez cette fois : 40 euros ! C'est magnifique à en pleurer. Et attention, la conclusion se présentera comme un défi à votre esprit primitif : pour augmenter à l'infini votre capital, changez-le de poche indéfiniment

Et si vous n'avez rien compris, ce n'est pas grave, vous paierez quand même, et ça, c'est Taddeï qui l'a compris. Coluche aussi : c'est nous qui paye.

Les économistes...


Alors, pour servir à quelque'chose, la randonnée du lundi pascal aura pour objectif : le Roc Marchand (1996m)

Départ de Grand Naves (1320m), et carte établie avec Géoportail que je redécouvre, lui intitulé le "portail des territoires et des citoyens". Je trouve que "territoires" fait pétainiste quand "citoyens" fait populiste. Que font Harlem Désir ? Jacques Attali ? tous leurs petits amis généralement si prompts sur ces dossiers ? Ce site nous rappelle clairement les heures les plus sombres de notre histoire.



Grand Naves et, au fond, le Cheval Noir (2832m)
 
fonte


Il fait très bon et doux à 9h. Les traces permettent de monter facilement, sans que les raquettes ne soient vraiment indispensables jusqu'à Lachat (1850m). La montée, d'abord dégagée, puis en forêt après les Grands Darbeleys (sapins, épicéas), est bien agréable. On admire déjà la Lauzière, puis les habituels jeux de lumière en sous-bois.

le vallon
ombres, vagues


cet arbre est un pin noir (?)


Nous atteignons donc Lachat, où un groupe de raquettistes a, peut-être, passé la nuit (?), toujours est-il qu'ils sont redescendus, au lieu de gagner la crête comme nous l'avons fait. Et, depuis Lachat, pas une trace dans la neige. Il est donc aussi impressionnant, joli, qu'amusant de la parcourir. Quelques preuves de passage d'animaux, c'est tout...

crête "inexplorée"
cuvettes
Roc Marchand



Au détour d'une congère, le Mont Blanc pointe. Nous gagnons le pied d'un petit couloir permettant de contourner la falaise de Roc Marchand. Mais, ce couloir ne me rassure qu'à moitié, et c'est l'excès de prudence qui va l'emporter. Je ne serai donc pas plus économiste que marchand, et continuerai à ne servir à rien.



C'est sans importance, la vue est déjà magnifique, et le silence incroyable. Quelques oiseaux gazouillent, par moments. C'est tout. Durant le repas, quelques corbeaux... je les annonce... il me surprennent... je les rate. Bravo ! Un groupe de skieurs, arrivé par l'autre côté de Roc Marchand, entreprend la descente du-dit couloir. Ils ne font pas les malins, pour la plupart d'entre eux...

la neige, le vent, le gel


Nous redescendons ensuite, avec une neige qui s'humidifie au soleil... pour mettre fin, horresco referens, à cette randonnée (12km, 750m+) rendue assez sauvage par le très peu de monde qui semble la parcourir... Quelques vues :

Mont Blanc
Grand Mont (2686m)

Dent du Corbeau (2286m)
Chaîne de la Lauzière jusqu'a Bellacha, puis Grand Arc

Grand Arc (2484m)
Bellacha (2484m)
Cheval Noir (2832m)