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samedi 18 août 2012

Le Gouffre d'Enfer - Pilat

Une petite promenade dans le Pilat pour clore cette série estivale de randonnées. En ce temps caniculaire, il faut fuir, et les bords ombragés du Furan entre les barrages sont faits pour ça. Il fait plus frais à marcher dans la forêt près Rochetaillée que de lézarder en plein Lyon. Assez peu de monde pourtant, alors que Saint-Etienne est vraiment tout proche...


La Roche Corbière

Rochetaillée au loin

Légende


Le propriétaire d'une splendide maison et d'une superbe voiture

vendredi 17 août 2012

La Vallon de Sales et la Brèche du Dérochoir

De la nostalgie - voilà le sentiment envahissant à la fin de cette randonnée - que dis-je ? à la fin : dès le demi-tour ! Jamais la déchirure - devoir repartir... - ne fut plus grande. "C'est un paradis, ici..." Oui.

Reprenons par le commencement. Lyon, 4h du matin : un thermos de thé rempli et en avant vers Sixt-Fer-à-Cheval (en ce moment, je suis dans les noms fabuleux). A 6h30, j'ai le sac sur le dos, sur le parking du Lignon (1180m), un peu au-delà de la belle Cascade du Rouget. Il fait plutôt frais, et la montée dans la forêt en est rendue très appréciable - très facile. En fait, la randonnée est facile, avec ses 18km et 1000m+. Certes, les très nombreux randonneurs croisés lors de ma descente semblaient rivaliser de décomposition et de liquéfaction, mais ils n'ont pas profité du petit vent ni de l'ombre matinaux. Je maintiens pourtant que la randonnée est assez facile, la montée se faisant qui plus est par étages d'une cascade l'autre comme nous le verrons. 








Cascade des Pleureuses
Avant même la première cascade - la Cascade des Pleureuses (1429m) - un randonneur observe des cerfs dans le pierrier en face. Ils sont 4 montés jusque-là et quelques minutes plus tôt, un chamois descendu lui jusque-là les accompagnait... Les pleureuses pleurèrent à chaudes larmes (fraiches), à en juger par le débit du Torrent de Sales... 

Cascade de Sales
Cascade de Trainant
Le sentier (une variante du GR 96) marque alors un petit replat avant l'étage suivant : la Cascade de Sales (1639m). On peut l'observer depuis le sentier incrusté dans la paroi rocheuse - ça peut être glissant s'il pleut, heureusement qu'il y a des rampes métalliques. Par temps sec, aucun souci. On poursuit dans les Gorges de Sales jusqu'à la Cascade de Trainant (1756m). Là, quelques lacets en rive du torrent (je repère le site comme idéal pour une petite pause-déjeuner au retour). Puis, la pente devient moins raide, et quelques marmottes se lèvent : c'est l'arrivée au Refuge de Sales (1870m).



Le GR dans la roche



Là, un grand habitué des lieux m'attend. J'ai droit au topo naturaliste ! Ça met l'eau (qui vient de disparaitre puisque le torrent est souterrain depuis Trainant) à la bouche... Monté hier soir avec ses enfants, les bouquetins étaient sur le sentier... et une hermine est venue jouer. Les chamois sont souvent un peu plus haut, sur les arrêtes... Il y a aussi des fouines, des renards, un chevreuil et un lièvre variable qui se baladent dans le coin... Ce sera tout ? Non : au Dérochoir, il y a une marmotte célèbre depuis 3 ou 4 ans pour aller vers les randonneurs, à la recherche du sel sur les lanières des sacs-à-dos ou les mollets imbibés de transpiration. Et les oiseaux, qui sont des cons, certes, mais qu'on aime bien quand même ? Ici, c'est le territoire du gypaète barbu et ses 3m d'envergure ! Diantre ! Un couple d'aigles royaux et leurs 2 aiglons, nichant au-dessus de Sixt, viennent chasser la marmotte ici, parfois. Sinon : grand corbeau, vautour, chocard, etc. etc. J'apprends également que la marmotte ne crie qu'une fois lorsqu'elle avertit ses amies d'un danger aérien... de quoi repérer la trajectoire et prévenir l'arrivée d'aigles ou gypaètes...

On passerait bien sa journée dans le cirque en divagations et observations...

Raymond et les autres
M'enfin, pour le moment, je monte. Je traverse le Grand Pré (1914m), magnifique étendue herbeuse entourée de lapiaz. Et j'attaque la montée vers la Brèche du Dérochoir (2171m). Tranquille, très tranquille, même si les rayons du Soleil me frappent enfin à quelques encablures du sommet. Avant cela, il faut se traîner Raymond, le mouton, et ses amis, effrayés par mon arrivée. Ils s'enfuient... en suivant le sentier !... Plus cons que les oiseaux, eux... Il y en a un, un ! qui a fini par avoir l'idée de s'écarter du sentier - je passe, et le voilà tranquille. Les autres ont alors agi comme des moutons, ils ont suivi bêtement... la bonne idée !

Lapiaz - crevasses
Bref... c'est vraiment remarquable, je veux dire : c'est extraordinaire comme l'Objectif du jour se dérobe littéralement jusqu'au dernier pas, le dernier ! Et pas question d'en faire un de plus : un à-pic de 300m nous attendrait depuis que la montagne s'est effondrée en 1751. Ah ! oui : pas question de faire cette randonnée par temps de brouillard, bien évidemment ! Rien que les lapiaz, qui forment des crevasses, constitueraient autant de guet-apens. Alors le Dérochoir...








L'Objectif ? le Mont-Blanc. Là ! juste là ! juste en face ! Majestueux. Mont-Blanc le Grand. Rah ! C'est magnifique. Et on ne le voit donc qu'au dernier pas à faire avant la falaise... 

Vue en arrivant à la Brèche du Dérochoir

La vallée...
Encore le Mont-Blanc...
Et lui, c'est qui ?


Deux montgolfières !!
 
La Pointe du Dérochoir : c'est là-dedans qu'on passe quand on monte de Plaine-Joux !

A-pic ou pas à-pic ? - Aiguille Verte (je crois)
Faut pas tomber là-dedans !?


C'est si beau qu'on pourrait rester là toute la journée. Je trouve en effet la fameuse marmotte, qui vient tout près... Tiens, des montgolfières. Oh ! des randonneurs dans le Passage du Dérochoir : on peut passer de l'autre côté, par un chemin très bien équipé apparemment, à la limite quand même de l'escalade, dans l'impressionnante falaise... Et voilà un grand bruit de battement d'ailes : le temps de se retourner, le Grand Corbeau avait plongé derrière... Mais les chocards arrivent... avec leur beau bec jaune. Il y en a même un qui se met à chanter ! Quand on pense à tout ce qui se vend aujourd'hui... 

Un chocard arrive, très agile pour virevolter le long des falaises

Bah il est bagué, lui
C'est lui le chanteur
Plus tard en redescendant : ils sont nombreux... Parait même qu'ils volent parfois à 500 !

 
Je viens de voir passer une fouine... je me retourne : "Coucou" - la fameuse marmotte




"J'ai faim quand même, au revoir"

Je retrouve mon guide qui vient passer la journée ici avec ses enfants... J'espère qu'il aura vu passer le gypaète, ou quelque aigle royal... que la marmotte partie manger dans les herbages un peu plus haut sera redescendue voir les enfants... 

Et moi, je finis par prendre le chemin - le même - du retour...


Le Grand Pré

Le Vallon de Sales

Quelques fleurs



mercredi 15 août 2012

Au hasard, Balthazar !

Le Balthazar du Pilat
En croisant par hasard cet asinus hier, je repensai par la même occasion à ce grand film de cinématographe - il tenait au terme - de Robert Bresson. Au hasard, Balthazar : le titre seul évoque mille et une choses. Tout âne s'appelle Balthazar et tant pis pour les autres. Voilà déjà une affaire réglée. "Au hasard, Balthazar", c'est la devise des comtes des Baux. Bah ! ils ont pris ce nom par toponymie : Bale égale escarpement, les Baux de Provence donc sur lesquels ils comptaient bien régner. Il leur fallait toutefois un parrain, un patron, une légende à la hauteur, quelque chose quoi... Bautezar était tout indiqué (Balthazar). Ne manquait plus alors qu'une devise. Un petit calembour, ça ne déplaisait pas au Cavanna de l'époque, mais ça avait en plus une force un peu magique racontent les historiens. Et on vous le dit depuis tout petit : le Moyen-âge était peuplé d'arriérés mentaux superstitieux et enfouis dans les Ténèbres - Voltaire ouakbar ! Croyez-le à la fin ! Je m'égare. 

Leur calembour, donc, sorte de méthode Coué vouée au défi, à l'audace (et on retrouve nos Voltairiens : Danton-de-l'audace-encore-de-l'audace-toujours-de-l'audace) : a l'hasart Bautezar (des spécialistes en vieux provençal confirmeront l'orthographe d'époque). 


Au hasard, Balthazar !

Et vous n'imaginez pas ce que furent les guerres baussenques. Oh ! on n'est pas loin du byzantinisme. Ce ne furent que guerres, mariages et diplomaties. Que les Baux menèrent non sans afficher un certain esprit de résistance, assez jovial si on en croit leur devise, envers les Catalans leurs ennemis. 

Bon, les Baux ont été vaincus, terrassés, liquidés, démantelés. C'est encore plus beau, j'ose le dire. Et c'est assurément à cet esprit-là que Bresson a voulu rendre hommage pour ce film qui va montrer la Douleur du Monde. Le Monde est Douleur, c'est entendu - on peut le parcourir avec enthousiasme et panache, se sacrifier et s'en remettre au hasard - et d'autres diraient à Dieu. 

Question Douleur, il se pose le Bresson. Ce destins croisés Marie - Balthazar (puisque l'âne fricote avec l'âne) ne ménage aucun suspense : on y va tout droit. La chemin est tout tracé. D'une déception l'autre, d'une souffrance à l'autre et le terminus : la mort. Bresson c'est un peu Bernanos au cinéma. On va vers le cœur, et par les chemins les plus boueux qui soient. L'efficacité, la rapidité, la modernité sont balayées comme autant de dévoiements.  C'est cet abruti de jeune sur sa mobylette : "C'est chouette un âne, c'est rapide, moderne."  


D'un âne à une âme, il n'y a qu'un pont. 

Et personne, plus personne pour le franchir.

Comme dans chacun de ses films, le parcours de Marie-Balthazar est un chemin de croix. Vaincus ! Terrassés eux aussi. Moi, ça me rappelle Suarès cette histoire : 
"En avant. […] Puissé-je ne rien garder à mes semelles de tout ce que je quitte, et ne rien emporter que mes belles douleurs, mes belles conquêtes, toutes mes victoires sur moi-même en tant de combats où j’ai été vaincu selon le monde, défait par la laideur et révolté par le bruit. […] En avant !"
Que de laideur et de bruit, en tant de cages, de fouets, de vitesse, de trahisons, de cynisme, de violences !... en fait, ce bruit et cette laideur tendent à être universels. Il y a aussi les démissionnaires. Mais il y a ceux qui s'accomplissent, vont au bout de leur destination. C'est leur destain. Quitte à le vivre, autant le vivre en l'aimant assez pour être capable de vouloir le vivre, le revivre, le revivre éternellement - Zarathoustra défends-moi ! Au hasard des souffrances et des désillusions, on les retrouve - qui ? mais Marie ! mais Balthazar ! Les Saints !

A vrai dire, on ne sait pas de quoi souffrent tous ces protagonistes. Bresson s'en fout. Et nous aussi. Ils souffrent. Conséquence de quoi ? voir le film. Nous, nous ressentons, avant d'essayer de comprendre. Je crois que ça aurait fait plaisir au cinéaste. Pendant que "les années passent", il ne filme que les pattes de Balthazar - parce qu'évidemment ça pourrait être n'importe qui ou n'importe quoi. Les pierres elles-mêmes doivent souffrir. 


Bresson est bernanosien c'est entendu. Mais je n'ai jamais vu des références à Léon Bloy - mon inculture en est sans doute la cause. Mais ce film est bloyen. La Femme pauvre, bien entendu, qui se termine par cette invraisemblable phrase : 
"Il n'y a qu'une tristesse, c'est de n'être pas des SAINTS."

Alors voilà, Marie, dans ce monde de Tartufes modernes et cyniques sans valeurs, est une Sainte qui sacrifie aux cérémonies de son Amour. Balthazar, "rétrograde et ridicule", est un Saint. Leur sort est fatalement tragique dans un monde où "le billet de banque et le culot, l'aplomb suffisent" (le vieux Grigou). 

Mais, Marie ni Balthazar ne sont tristes. Ils affrontent la Douleur. Le grand Louis Armstrong les comprendrait :


mardi 14 août 2012

Le Mont Pilat

Alors aujourd'hui, une petite ballade pour découvrir le Pilat. Enfin, c'est ce qui était prévu au départ. Ce fut plus long que projeté.

La campagne se lève
Départ à Doizieu (580m), de bonne heure. Il s'agit de monter dans la forêt vers La Jasserie (1240m) puis le Crêt de la Perdrix (1434m). L'itinéraire : le sentier Jean-Jacques Rousseau - pourquoi pas ? Mais il y a une foule de chemins signalés sur la carte IGN (on en reparlera), alors je file vers les ruisseaux. Il s'avère que parmi ces chemins, certains aboutissent à des barbelés, d'autres sont inexistants, et d'autres encore existent bel et bien mais ne figurent pas sur la carte. Voilà qui complique un peu la progression, obligeant même à remontée pleine forêt (assez saccagée qui plus est par les tempêtes des années passées). Après quelques péripéties, La Jasserie est en ligne de mire. Et le plus dur est fait.


A La Jasserie... Au hasard Balthazar

Il n'y a plus qu'à monter parmi myrtilles et vaches vers le Crêt de la Perdrix, superbe site offrant un panorama estomaquant. Du Sancy (si, si) au Mont Blanc... Jura, Ventoux, Grande Casse, Meije, etc. etc. Impressionnant malgré la bien mauvaise lumière du jour. C'est à faire en hiver, sans cette brume qui gâche beaucoup les choses... 

Elle tenait tant à être sur la photo...
Depuis le Crêt de la Perdrix

Alors, c'est la ballade d'un Crêt l'autre... Le Crêt de l'Etançon (non signalé sur la carte), le Crêt de Rochat (non signalé sur la carte), le Crêt de Botte (1387m), et jusqu'au Crêt de l'Oeillon (1370m), le tout en face des Alpes, toutes les Alpes dominant quelque peu la brume, et en prise avec quelques nuages...

Ce n'est qu'une ombre dans la brume...
Un Crêt plus tard, on le voit un peu mieux
Vers 10h...
Et vers midi...

Et puis, il n'y a pas que le Mont Blanc :

Les Ecrins

Au Crêt de l'Oeillon, une piste de décollage pour parapente semble bien suicidaire... Beaucoup de monde depuis le Col de l'Oeillon, que les voitures atteignent. Auparavant, ce n'étaient que cueilleurs (nombreux) de myrtilles (nombreuses). 

Il est encore tôt, et je décide d'aller voir les Trois Dents (de 1164m à 1213m) qui sont d'après moi au nombre de 4 !... Un petit passage rocheux (photo) à descendre pour cela, sans aucune difficulté. La dernière dent aurait offert un site sublime pour manger, n'étaient les fourmis volantes très agressives...

Alors, je remonte au Crêt de l'Oeillon..

De là, on voit le début du chemin du retour vers Doizieu. Mêmes soucis pourtant avec les chemins, entre la carte et le terrain, tout ne correspond pas parfaitement - pas grave, je passe dans la forêt pour finalement rejoindre le Collet de Doizieu (946m). Il n'y a plus alors qu'à redescendre en retrouvant le sentier Jean-Jacques Rousseau, jusqu'au village. 



Pélussin, le Rhône

Profil et parcours :