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samedi 16 juillet 2011

Petit tour dans la Vallaisonnay




Une photo que je n'ai pas pu faire moi-même, mais elle en aurait été proche
Voilà, c'est fait. Long déjà le temps qui sépare ma dernière chevauchée alpestre, trop long. Alors, en plein préparatifs pour aller marcher en Corse, la tentation est trop forte. Je me décide au dernier moment, alors je ne fais pas dans l'original, mais là où mes souvenirs me portent. Une fois déjà, et certainement deux, j'ai crapahuté autour du Lac de la Glière, non loin de Champagny-en-Vanoise. Retour dans cette terre connue et Montagne adorée. Le Lac de la Glière porte d'ailleurs mal son nom puisque ce n'est plus qu'un cours d'eau ; il reste une des escapades favorites de la Vanoise, car très accessible. Pas question évidemment d'aller barboter avec le public familial. 

4h30, départ de Lyon, avec Olé Coltrane dans les oreilles. Il faut ça - arrivée au Laisonnay d'en bas (1554m) un peu avant 7h. Il fait 9°C (c'est bien), et très beau. Le moral est déjà bien portant, après avoir traversé la vallée depuis Moutiers, et les paysages qui se rappellent à la mémoire comme impressionnants. En route !...

7h15 et la première marmotte sort de sa galerie pour l'épater - suffis-je, comme galerie ? En dehors des marmottes, des merles, des épilobes à épi (pourquoi un tel nom, qui semble redondant ?) et des digitales, il n'y a pas un chat. Je rattraperai une famille vers le refuge de la Glière (1996m) [B], ainsi qu'un petit groupe ; plus tard également, vers le refuge du Grand Plan [C], quelques personnes. Alors l'impression, dégagée aussi bien par la Montagne que par la Marmotte, c'est la sérénité. Elle se réveille tranquillement, sur son rocher de ce versant sud encore ombragé. Deux autres l'imitent, un peu plus haut ; et puis, à partir du Refuge de la Glière, et alors que le Soleil atteint finalement le flanc de montagne, c'est la folie. Ce ne sont que gambades, bonds et courses effrénées parmi la végétation devenue plus rase et la flore plus éparse (quelques gentianes de ci de là). Du coup, je m'offre une première pause après une heure de marche pour atteindre le Refuge.

La deuxième heure de marche sera plus ardue, bien que la pente, elle, ne le soit qu'à peine plus. J'atteins le Col du Palet (2656m) [D] vers 9h. Deux heures et quelques miettes, c'était mon objectif en voyant en bas le panneau "Col du Palet - 4h30". Objectif atteint, mais à quel prix ! Je crois ne jamais avoir autant souffert des jambes en montagne. Que c'est dur ! Le manque d'habitude, d'accord : la dernière randonnée date de l'été dernier avec le Sancy, mais on y arrive à l'altitude de laquelle je pars ce matin, peu ou prou. L'altitude donc, aussi, à laquelle je n'ai pas eu de période d'acclimatation, doit me martyriser un peu. Et puis, j'avais chargé mon sac-à-dos, jusques à des objets inutiles, histoire de ressentir un fort poids sur les épaules en préparation de la Corse. Dernière explication, non des moindres : comme je grimpe seul, je n'attends personne et vais "à mon rythme" c'est-à-dire trop vite, et sans plages de repos - même relatif. Toutefois, cette marmotte-sentinelle qui se dresse, à quelques mètres du Col, sur mon passage pour m'encourager (c'est mon interprétation) redonne un peu de courage. Le panorama, et le petit déjeuner que j'y prends remettent les jambes d'aplomb et le moral au beau fixe. Un combat engagé par un traquet motteux contre une marmotte qui, j'imagine, s'approchait naïvement des petits de l'oiseau, donne une petite touche humoristique.


J'avais pourtant prévu de faire le semi-tour de la Vallaisonnay : après le Palet, le lac de Gratteleu [E], voire celui de la Plagne, puis le col de Plan Séry, et le Py, soit 24 kilomètres. Je préfère réduire un peu en me contentant de la boucle par le col de la Grassaz [Édit : ça ne réduit rien du tout !]. C'est là que je m'arrête, vers 10h45, et après avoir de nouveau connu des difficultés dans les tous derniers mètres du Col de la Grassaz (2637m) [F], pour me reposer en lisant un peu, et manger en face de la chaîne de la Grande Motte (3653m) au Grand Bec (3398m) à laquelle on tourne le dos depuis le début de la matinée. Quelques éboulements depuis l'Aiguille noire font espérer la présence de quelques bouquetins ou autres diablotins. Mais ils sont plutôt derrière, vers le Plan Séry, je crois. Il faudra se limiter aux insectes extra-terrestres, et à ces magnifiques fleurs bleu outremer [Édit : des gentianes printanières], dont le nom m'échappe pour le moment.


Je quitte le Col à 12h15, et arrive à 13h30 au Laisonnay. Le mode descente express a été enclenché. Cette descente me vaudra une petite ampoule au talon gauche. La Lumière m'a atteint en début de journée, il fallait que je fus capable d'en faire moi-même en fin de parcours... Je ne prends que le temps de jouer à cache-cache avec une marmotte qui, littéralement, me passa sous le pied. Je ne saurais dire lequel des deux en fut le plus surpris, toujours est-il qu'elle s'est réfugiée à l'entrée de sa galerie. Je m'assis sur le rocher juste au-dessus, et, un quart d'heure durant, elle fit des allers-retours en me scrutant. Rigolo. C'est ce que je pus raconter au petit garçon qui me demanda pourquoi je courais : "je joue à cache-cache avec une marmotte". Han !




Les presque 24 km de la journée



De retour à Lyon, j'ai déjà bien mal aux jambes. La journée n'est pas terminée pour autant, puisque Brad Mehldau et Joshua Redman sont en concert ce soir à Fourvière (287m) - je monte à pieds, d'habitude, mais là, je ne crois pas. Je vais bien dormir.